de Ernest Pérochon

VIe siècle de l’Ère Universelle. Pour avoir triomphé de terribles épreuves, l’humanité trouvera-t-elle enfin le bonheur et le repos ? Ce serait compter sans cette impatience, cet esprit d’aventure au cœur des hommes qui les pousse toujours plus avant dans la conquête des ultimes secrets de la nature. Quand la science arme leur bras d’un pouvoir presque divin, auront-ils encore la sagesse de ne pas aller jusqu’au bout de leur propre destruction ?
Ernest Pérochon (1885-1942), romancier du monde paysan, prix Goncourt 1920 pour Nêne, lançait en 1925 avec Les hommes frénétiques un stupéfiant cri d’alarme contre une « science sans conscience » dont on commençait à peine alors à mesurer le danger. Chronique impitoyable de la fin de l’humanité, ce roman visionnaire à l’étonnante radicalité devait marquer les esprits au point de devenir l’un des classiques fondateurs de la science-fiction moderne.
- 277 pages ; 20 euros
- ISBN 978-2-9544657-2-2
- Parution avril 2015
Disponible en librairie ou à la commande par mail : ovbedition@gmail.com ou à cette adresse : On verra bien, 6 rue de la Nation, 87000 LIMOGES France
Presse & Médias :
Une chronique du livre sur le site de la Bibliothèque Fahrenheit 451
Une autre critique disponible sur Noosphère
Et un coup de cœur de Jean Luc Rivera sur Actus SF :
Les Hommes frénétiques de Ernest Pérochon par Jean-Luc Rivera : Il m’arrive rarement de m’enthousiasmer pour un roman de vieille SF au point de le recommander car, bien qu’amateur de proto-SF, elle est parfois difficile à lire aujourd’hui, ayant souvent mal vieilli et ne gardant qu’un charme naïf. Ce n’est absolument pas le cas du roman d’Ernest Pérochon, plus connu pour ses romans ancrés dans le terroir poitevin (prix Goncourt en 1920 quand même), sa seule incursion dans la SF. « Les Hommes frénétiques », que les Editions On verra bien (sympathique éditeur de Limoges) ont eu la bonne idée de rééditer, sont d’un modernisme et d’une actualité étonnante. Dans un monde futur, à quelques siècles dans l’avenir, la paix mondiale et l’énergie en abondance pour tous ont créé une société de loisirs (la revendication des fonctionnaires en grève est la journée de travail de une heure !) où l’on s’ennuie et qui a pour conséquence d’entraîner un mouvement de retour en arrière, de recherche de ses racines et d’attrait pour la religion dans ce monde athée. Il y a en même temps un renouveau de la lutte des classes car la société s’est stratifiée selon les grilles de distribution de l’énergie et des transports : le long des méridiens se sont installées les populations « actives » et « productives » (savants, grands agriculteurs) alors que les fonctionnaires et petits employés, « ceux grâce à qui tout fonctionne », ont peuplé les parallèles d’où un antagonisme entre les deux, chacun des deux partis s’estimant être le plus utile à la société… Tout cela va entraîner les hommes dans une frénésie d’intolérance puis de lutte qui va déboucher sur la guerre ultime et totale, d’où le titre du roman ; curieusement (le roman date de 1925), la guerre va débuter par le combat religieux que vont mener les musulmans pour vivre selon les préceptes de leur religion et exterminer les infidèles sur leurs territoires (p. 139), étonnant de prescience dans le contexte actuel. Tout aussi étonnamment moderne, la peur des développements incontrôlés ou incontrôlables de la science, en particulier des manipulations génétiques qui entraîneront d’ailleurs la fin ultime de l’humanité en la rendant stérile. Le roman se termine de manière étrange (rappelons que nous sommes en 1925) car les deux seuls personnages qui s’en sortent et assureront le renouveau de l’espèce humaine sont deux jeunes enfants, un mulâtre et une jeune noire, qui sont aussi décrits comme des « simples » (d’esprit) qui donneront naissance à une race « paresseuse et douce » (à l’opposé donc des hommes frénétiques anciens et d’un racisme sous-jacent évident) sur une « Terre pacifiée » – et le problème de l’inceste, car obligatoirement ils se reproduisent d’abord entre père et filles et frères et soeurs, est totalement évacué, comme dans la Genèse d’ailleurs. Incidemment, le roman réjouira l’amateur d’archéologie et d’anthropologie mystérieuses par ses nombreuses références à l’homme du Tertiaire et à sa civilisation disparue (cf p. 62), ce qui aurait dû servir d’avertissement aux hommes frénétiques car les hommes tertiaires ont disparu en s’anéantissant (à moins qu’ils n’aient émigré vers une autre planète, p. 77, ce qui est une idée très originale pour l’époque). Comme vous le voyez, il s’agit là d’un roman novateur, dont l’écriture n’a pas vieilli, en particulier grâce à un humour à froid fort drôle, qui se laisse lire et découvrir avec beaucoup de plaisir.