Port d’escale

de Jean Pallu

En ce début des années 30, une petite entreprise lyonnaise recrute un nouvel employé de bureau, le
séduisant et mystérieux Reynault. Vite adopté par les autres salariés, il cache pourtant un secret dont la
révélation bouleverse ses compagnons, et ouvre une fenêtre inespérée dans la grisaille de leur quotidien.

Jean Pallu (1898-­1975) fut l’un des représentants les plus originaux de la littérature prolétarienne de
l’Entre­-deux-­guerres. Après L’Usine (1931), il signait avec Port d’escale le roman de la petite classe
moyenne, à laquelle il fut l’un des très rares à s’intéresser, avec une finesse et une justesse d’analyse qui
devait lui valoir le Prix Populiste en 1932.

Extrait
Au bar où Reynault allait déjeuner on l’appelait déjà « Monsieur Louis ».
– Un p’tit café, M’sieur Louis ?
Il déjeunait debout devant le comptoir en fer à cheval. Autour de lui des jeunes gens,
quelques femmes, trempaient hâtivement un croissant dans le liquide tiède et fade, en par­
courant un journal, avec de brefs coups d’œil vers la pendule. D’autres entraient en courant :
« Un crème, vite ». La dernière gorgée avalée, ils s’en allaient en allumant une cigarette,
sautaient sur la plateforme d’un tram en marche ou d’un autobus. Les trottoirs guidaient
vers les maisons de commerce le monde des employés, des dactylos. Quelques autos circu­
laient, rares, un chef ou un touriste matinal. Derrière les vitres des bureaux on voyait les
femmes de charge, les cheveux couverts d’un linge, qui avaient fini leur balayage et qui
époussetaient à grands coups de plumeaux les couvercles des machines à écrire. Quelques
unes passaient à la pâte les plaques de cuivre que l’on voyait briller brusquement au milieu
des autres, « Tortoli et Barros, tresses et lacets », « Derval frères, exportateurs », « À la
Confiance, Cabinet d’Affaires fondé en 1895 ».

  • 204 pages ; 19 euros
  • ISBN 978­-2­-9570289­-2­-4
  • Parution avril 2021

Disponible en librairie ou à la commande par mail : ovbedition@gmail.com ou à cette adresse : On verra bien, 6 rue de la Nation, 87000 LIMOGES France

Presse & Médias :

Une chronique du livre dans Libération du 29 Mai (merci à eux) :

« Dès la première page, on se retrouve à une autre époque : « Si avec vingt-huit balles nous ne dénichons pas l’oiseau rare ? » ce sont les années 30, dans une petite entreprise lyonnaise, gérée de manière paternaliste. Les « vingt-huit balles » vont servir à passer une petite annonce pour recruter un successeur à Guinard, parti s’éteindre dans un sana suisse. Le patron tombe sous le charme de M. Reynault, embauché sur l’heure. Ce collègue plus qu’agréable cache un drôle de secret pour ce huis-clos d’employés sans surprise. La saveur tient à cette ambiance de cols blancs disparue, avec leurs comportements et leur vocabulaire. On s’y croirait. Son auteur, représentant de la littérature prolétarienne de l’entre-deux guerre, Jean Pallu, qui avait lui-même travaillé en atelier puis comme représentant chez Michelin et Berliet, avait remporté le prix populiste 1932 pour ce roman paru après l’Usine (1931), qui portait lui sur les ouvriers. »